Élections européennes et dissolution française
Dans un contexte de montée de l'extrême droite à travers l'Europe, les élections de 2024 ont vu des partis comme l'AfD en Allemagne ou Fratelli d’Italia en Italie réaliser des percées importantes. En France, le Rassemblement National a consolidé sa position, capitalisant sur une rhétorique axée sur l'immigration et la sécurité, et sur le duel installé par le Président français.
Cependant, l'extrême droite demeure divisée au sein du Parlement européen, affaiblissant son influence. Malgré ces gains, les partis traditionnels, notamment le Parti Populaire Européen (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D), devraient maintenir une majorité.
En Europe
À l'échelle européenne, l'extrême-droite connaît également une forte progression. En Allemagne, l'AfD obtient 16%, se plaçant derrière les conservateurs de la CDU-CSU (29,5-30%), mais devançant largement les sociaux-démocrates (14%) et les Verts (12%) de la coalition au pouvoir. En Italie, le parti Fratelli d’Italia de Meloni et en Autriche, le FPO en tête avec 27%. Cependant, ces résultats ne suffisent pas à donner un pouvoir de blocage à l'extrême-droite, car elle reste divisée en deux groupes au Parlement européen (ID et ECR), dont l'union est incertaine en raison de divergences majeures, notamment sur la Russie, illustrées par l'opposition entre Meloni et Orban.
La "grande coalition" dominée par la droite (PPE), les sociaux-démocrates (S&D) et les libéraux (Renew) devrait conserver la majorité au Parlement européen. Le PPE obtiendrait 181 sièges, les S&D 135 et Renew Europe 82, soit 398 sièges sur un total de 720. Les Verts chuteraient à 53 sièges, contre plus de 70 actuellement. Les résultats en France ne se retrouvent pas au niveau européen ; les gains de l'extrême-droite suivent une tendance de 20 ans. La majorité est préservée.
Cependant, l’idée selon laquelle « le centre a tenu » ne fonctionne réellement que si l’on ignore la façon dont le centre droit a pris en charge une grande partie de l’agenda de l’extrême droite, en particulier sur l’identité, l’immigration et l’islam.
En France
Le 9 juin, le Rassemblement National (RN) a atteint environ 31,5% des voix. Reconquête a obtenu 5,3%. Ensemble, l'extrême-droite, dans toute sa diversité, s'approche des 40%. Le RN remporterait ainsi 31 des 81 sièges de députés européens français.
Le parti présidentiel a chuté à 15%, marquant un sérieux revers par rapport aux 22% obtenus en 2022.
La gauche, en proie à des luttes internes, a des résultats variés. Le Parti Socialiste renait avec 14%, La France Insoumise atteint environ 10%, tandis que les Verts (EELV) s'effondrent à juste au-dessus de 5%. La gauche cumule 35%, mais reste divisée.
Le RN connaît une forte progression, gagnant 7% par rapport à 2019. La droite conservatrice traditionnelle continue de s'effondrer et n'est plus un rempart contre le RN.
Et maintenant ?
Ce choix n’était pas inévitable.
Le Président préfère prendre le risque d'un Premier Ministre RN plutôt que de modifier son projet pour respecter son engagement initial de faire barrage à l’extrême-droite.
En outre, la dissolution de l'Assemblée stoppe la discussion de tous les textes en cours ; ceux non adoptés sont annulés. Fin le PJL Fin de vie, y compris les commissions d'enquête sur la protection de l'enfance (ASE), les violences dans le cinéma, la souveraineté alimentaire, le nucléaire.
Le parti présidentiel risque de perdre sa majorité relative avec LR, au profit du RN. Le futur de la droite LR passe par une recomposition avec l’extrême-droite.
L'extrême-droite triomphera si la gauche ne s’unit pas. Le Président parie sur un report des voix au second tour des élections, espérant que les électeurs feront barrage au RN. Cependant, les résultats des dernières élections montrent que ce n’est plus le cas.
À gauche, il est urgent de former une coalition large et unitaire avec une seule candidature par circonscription, avec priorité aux sortanst. En préparant la défaite du RN aux prochaines présidentielles, Macron pourrait faire une erreur de calcul. En effet, sauf surprise, le Président ne pourra pas se représenter en 2027. Si l’extrême-droite remporte les législatives, la cohabitation pourrait lui être favorable, sauf en cas d'élections anticipées. L’union des gauches devient donc impérative.